Disparition dans sa 59ème année (c’est
fou comme le temps passe vite, parfois) de Maria Schneider, comédienne
rare qui connut dans la même temps la consécration et le déclin,
ce qui était mérité dans un cas, particulièrement injuste dans
l’autre. On a beaucoup reparlé sur la toile, au cours des 48
heures écoulées, des blessures de l’actrice, abîmée – euphémisme
– par Marlon Brando durant le tournage du Dernier Tango à Paris (1972), du comportement jugé démissionnaire
par la principale intéressée de Bertolucci durant le tournage,
d’un grand sentiment d’injustice aussi vis-à-vis de son géniteur,
qui ne fit jamais publiquement mystère des liens du sang les
unissant tout en s’abstenant de la reconnaître légalement. À l’@ide-Mémoire,
nous nous souviendrons surtout du fait que la carrière en dents de
scie de Maria Schneider, loin de se limiter à un enfilage au beurre
frais (ou non) pas très bien filmé, fut surtout jalonnée de
rencontres assez incroyables, d’Antonioni (Profession :
reporter, 1974) à Garrel (Voyage
au Jardin des morts, 1976), de Rivette (Merry-Go-Round,
1977) à Seyrig (Sois belle et
tais-toi, id.), de Daniel Schmid (Violanta,
id.) à Werner Schroeter (Weiße
Reise, 1978), qu’elle volait avec classe la vedette féminine
à Carole Bouquet tout au long de Bunker
Palace Hôtel (Enki Bilal, 1988) aussi assurément qu’elle
haut la main la partie contre Maria Vincent, fatigante et fatiguée,
le temps d’une séquence anthologique du cultissime What
a Flash (Jean-Michel Barjol, 1971), et que son apparition
subliminale en jeune Maghrébine constituait sans l’ombre d’un
doute le seul vrai moment de cinéma des Nuits
fauves (Cyril Collard, 1991), film générationnel et daté. Au
final, bien plus qu’une icône précoce de la première moitié
des années 70, c’est une belle et magnifique artiste qui vient de
s’en aller, comme le rappelle le portrait remarquable (« Maria
Schneider se dérobe ») que Philippe Azoury vient de lui
consacrer dans Libération.
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FILMOGRAPHIE CINÉMA :
1969 :
L’Arbre de Noël
(Terence Young et Bernard Farrel, n’apparaît
pas dans les copies actuellement visibles).
Les Femmes
(Jean Aurel). 1970 :
Les
Jambes en l’air/César Grandblaise
(Jean Dewever).
Madly
(Roger
Kahane). 1971 :
Hellé
(Roger Vadim).
La
Vieille Fille
(Jean-Pierre Blanc).
What
a Flash
(Jean-Michel Barjol). 1972 :
Cari
genitori
(Enrico Maria Salerno).
Dernier
Tango à Paris/Le Dernier Tango à Paris/Ultimo tango a Parigi
(Bernardo Bertolucci). 1973 :
Le
Baiser/Reigen
(Otto Schenk). 1974 :
Profession :
reporter/Professione : reporter/El reportero
(Michelangelo Antonioni). 1975 :
La
Baby-sitter/Jeune Fille libre le soir/Babysitter – Un maledetto
pasticcio/Das Ganz große Ding
(René Clément).
1976 :
Voyage
au jardin des morts
(Philippe Garrel, CM). 1977 :
Io sono mia/Yo soy mía/Die
zweite Haut
(Sofia Scandurra).
Merry-Go-Round
(Jacques Rivette).
Sois
belle et tais-toi
(Delphine
Seyrig).
Violanta/idem
(Daniel Schmid). 1978 :
Weiße
Reise/idem
(Werner Schroeter). 1979 :
La
Dérobade
(Daniel Duval).
Een Vrouw als Eva
(Nouchka Van Brakel).
Haine/Le
Credo de la violence
(Dominique Goult).
Mama
Dracula
(Boris
Szulzinger). 1980 :
Sezona
mira u Parizu/Peace Season in Paris
(Predrag Gobulovic). 1981 :
La
Chanson du mal-aimé
(Claude Weisz,
inédit).
L’Imposteur/Cercasi
Gesù
(Luigi
Comencini). 1982 :
Balles
perdues
(Jean-Louis
Comolli). 1983 :
Yoroppa
tokkyu
(Yutaka
Ohara). 1986 :
Résidence
surveillée
(Frédéric
Compain). 1988 :
Bunker
Palace Hôtel
(Enki Bilal).
1990 :
Écrans
de sable
(Randa Chahal
Sabbag).
La
condanna
(Marco Bellocchio). 1991 :
Au
pays des Juliets
(Mehdi
Charef).
Les
Nuits fauves
(Cyril Collard). 1995 :
Jane
Eyre/idem (Franco Zeffirelli). 1997 :
Something
to Believe In (John Hough). 1999 :
Les
Acteurs
(Bertrand Blier). 2001 :
La
Repentie
(Laetitia Masson). 2003 :
Au
large de Bad Ragaz
(Christophe
Marzal). 2005 :
Quale
amore
(Maurizio
Sciarra). 2006 :
La
Clef
(Guillaume
Nicloux).
Perds
pas la boule !
(Maria Pia
Crapanzano, CM).
La
Vie d’artiste
(Marc
Fitoussi). 2007 :
Cliente
(Josiane
Balasko).
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